chaton décapité

[Auteur: Delirium]

Bonsoir,

j'ai récemment fait un rêve troublant.
Il y avait dans celui-ci un chat blanc, que je pense donc être mon animal de compagnie actuel (une chatte). Je venais de trouver une autre chatte avec son petit. Lorsque j'ai vu le chaton, j'ai directement pensé que Névé (mon chat actuel) pourrait lui faire du mal, étant donné que ce n'était pas le sien, et je me suis dit qu'il fallait que je veille sur lui/ que je le protège. Puis j'ai eu un moment d'inattention et ne voyant plus le chaton je me suis doutée qu'il lui était arrivé malheur. Et effectivement, une flaque de sang luisait à mes pieds, et s'étendait au-delà d'un meuble (un canapé je crois) qui la dissimulait en partie. En me baissant pour regarder sous le meuble, je vis d'abord la tête du chaton, puis un peu plus loin le reste de son corps. Saisie d'horreur, je me demande si sa mère s'était déjà aperçue de ce qui était arrivé à son petit, mais celle-ci semblait sereine. Finalement, je me tournais vers ma mère et lui demandais si on pouvait adopter la chatte grise en plus de Névée. Elle y consentit et mon rêve s'arrête là.

J'ai peut-être ma petite idée sur l'interprétation que je pourrais faire de ce rêve mais je n'en suis pas tout à fait certaine. J'ai pu lire que le chat dans un rêve (et là il s'agit en plus de chattes!) pouvait incarner la sexualité du rêveur, et le rapport qu'il entretient avec elle...
Hors, ma chatte actuelle (ma sexualité présente? Je tiens à préciser que Névée n'a même pas un an... Hors je n'ai moi-même que 20 ans. Donc ça pourrait correspondre) tue un chaton d'une façon abominable... Un chaton qui pourrait incarner mon innocence, la pureté de mon enfance, que j'aurais donc comme bafouée, trahie, salie?
Qu'en pensez-vous?
En remerciant d'avance ceux et celles qui voudront bien m'aider à déchiffrer ce rêve
Bonne journée/soirée à vous

[Auteur: Delirium]

Bonjour, je tiens d'abord à vous remercier d'avance pour votre aide.

un chat: un félin, donc un animal qui reste toujours un peu sauvage même lorsqu'on essaye de le domestiquer. Aux réactions parfois imprévisibles (on est jamais à l'abri de quelques coups de griffes). Très indépendant. Un animal compliqué à comprendre, dans le sens où il a des comportements assez paradoxaux. Sauvage mais câlin, demandeur de caresses. Assez mystérieux, intrigant, donc attirant. Je me retrouve un peu dans le caractère du chat. Pourtant, Névé n'est pas mon chat, mais celui de mon père, et je n’interagis pas trop avec elle. C'était pareil avec ceux qu'a eu ma mère par le passé. Je crois que je ne suis personnellement pas faite pour avoir un animal de compagnie, même si le chat est à mon sens un animal "noble", plein de grandeur, et assez magnétique.

Mon chat actuel: est une chatte. Elle doit avoir 7 ou 8 mois. Une chatte très belle, avec un pelage splendide: un poil angora de la couleur de l'ivoire, et la queue en panache. Une allure très aérienne. Très différente des chats des autres chats que j'ai eu: très peu câline, extrêmement joueuse, une vraie chasseuse aux réflexes étonnants, agile comme un petit singe. Elle me fait parfois un peu peur même, lorsqu'elle a ses gros yeux de prédateur.
Elle m'a très rapidement évoquée la chèvre de monsieur Seguin. La petite chèvre innocente et pure qui finit par se faire tragiquement bouffer par le loup... Elle a donc une apparence un peu fragile qui tranche avec son caractère farouche et sauvage. Conformément à l'histoire qu'elle me rappelle - celle de Blanchette donc, je ne peux m'empêcher d'avoir un peu peur pour elle ( j'ai d'ailleurs déjà fait un rêve ou elle sautait dans le vide, du haut de la rambarde de notre balcon... Ce qui rappelle un peu La Chatte de Colette; sauf qu'ici Névé n'était pas précipitée dans le vide par autrui).

Un chaton: un petit être vulnérable et délicat. Curieux de tout. Attendrissant. Tellement fragile que l'idée qu'il pourrait lui arriver n'importe quoi me stresse un peu. On a donc d'instinct envie de le protéger, de le rassurer.  Quand je pense à chaton, je me représente plutôt une portée qu'un chaton seul. Dans mon rêve, le chaton avait un pelage clair, blanc peut-être. Il était minuscule, tenait dans le creux de ma main je crois, et restait lové, immobile dans ma paume, les yeux fermés, comme endormi.

Un canapé: meuble quelconque servant à s'asseoir, se reposer,se retrouver à plusieurs aussi; plutôt convivial puisqu'il trône dans une pièce commune, où l'on reçoit aussi des personnes étrangères au foyer.

Sang: fluide vital, irriguant et apportant l'oxygène et les nutriments nécessaires au bon fonctionnement du corps, assurant sa conservation. Liquide que je trouve plutôt esthétique, de par sa couleur écarlate. Le sang a donc quelque chose de sublime: provoquant répulsion et attrait.

Ma mère: pleine d'amour, très ouverte, d'une grande bonté d'âme, lumineuse, compréhensive, très émotive, assez "pure", innocente, mystique, très bavarde (ce qui est parfois pesant); a conservé un côté très enfantin/juvénile. Une battante. On se ressemble et on diffère beaucoup l'une de l'autre tout à la fois.

[Auteur: Delirium]

Bonsoir,

le blanc m'évoque la pureté, la mort, le dépouillement, le froid, la lumière, le néant.

J'ai fait ce rêve il y a une semaine environ donc le contexte m'est un peu flou. J'étais en vacances et je suis très peu sortie, donc je n'ai pas été exposée à une situation potentiellement anxiogène, ni confrontée à quelqu'un susceptible de m'effrayer. Je dirais donc que cette phrase me renvoie à moi-même.

[Auteur: Delirium]

Bonjour,

Si c'est un aspect faisant partie de moi, tout en étant pas véritablement moi, puisqu'il me tient "seulement" compagnie; et sans vouloir tout de suite formuler des conclusions trop hâtivement... Cela signifie-t-il que je peux très bien me "dépouiller" de cette tendance, de cette habitude?

Les différences entre les deux... je caressais la chatte grise, qui, en tant que mère, avait à mes yeux un côté rassurant, une gentillesse que l'autre n'avait pas (je n'avais d'ailleurs aucun contact direct avec celle-ci - je veux dire autre que visuel) puisque je la percevais comme une source de danger potentiel pour le petit être que je me devais de protéger (et de protéger pour lui-même, mais aussi pour préserver sa mère, comme si il était une sorte de réplique miniature de celle-ci, ou du moins comme si j'étais responsable auprès d'elle, de la vie de son petit, dont elle-même dépendait).

Ce que le gris représente pour moi: la nuance, l'équilibre, la mesure, la quiétude (puisqu'il constitue la teinte intermédiaire entre le blanc et le noir; mais aussi l'absence d'intensité; l'insipidité peut-être aussi, la monotonie, l'insatisfaction restant néanmoins supportable moralement, soit un "manque de".

Cette nouvelle façon d'être serait donc un nouvel aspect de moi-même qui prend forme, mais qui serait menacé par un "ancien moi", prêt à l'étouffer pour ne pas disparaître? De vieux comportements ou automatismes de pensées associés à un certain état d'esprit qui veulent reprendre le dessus?

Humm... J'ai eu une conversation avec ma mère, assez houleuse, mais je ne parviens  pas à me souvenir si j'ai fait ce rêve avant, ou après cette discussion. J'ai voulu protéger ma mère et pour se faire je lui ai menti.
J'ai récemment posé comme modèle vivant auprès d'un sculpteur - nue donc. Je me doutais qu'un tel job pouvait déplaire à ma mère, car nous n'avons pas du tout le même rapport au corps, et à ce qu'il représente pour l'individu. J'ai voulu tester le terrain avant de lui annoncer que j'avais tenté l'expérience, en lui disant que j'avais repéré une annonce à la fac, d'un sculpteur qui recherchait des modèles pour ses créations. Et le fait même que j'ai pu ne serait-ce que songer poser nue pour quelqu'un l'a fait s’effondrer en larmes. Pour la protéger, et parce que je n'ai pas envie de blesser moralement/éthiquement mes parents bien que je sois responsable de mon corps, et de ce que je veux en faire (pour moi il ne faut pas faire l'amalgame entre nudité et sexualité notamment... Pour ma mère, poser comme modèle, c'est vendre son corps, donc cette activité s'apparenterait presque à de la prostitution... la seule différence selon elle? "l'absence de pénétration". Elle m'a bien sûr dit ça sous le coup de l'émotion. Puis nous en avons reparlé plus posément et j'ai réussi à lui faire comprendre ma propre conception du corps, en lui montrant qu'elle n'avait rien de sale ou de déshonorant. Je pense qu'elle n'a pu l'accepter que dans la mesure ou cette conception demeurait "abstraite", c'est-à-dire tant que je ne la mettais pas directement en pratique...), j'ai décidé de m'arrêter à cette première expérience.
Il s'agissait pour moi, à travers cette dernière, de faire le point sur le rapport que j'entretiens avec mon corps, celui-ci ayant été assez conflictuel jusqu'à présent. C'était pour moi une façon de l'assumer, ou de l'accepter tel qu'il est, sans honte, sans pudeur, en dépassant justement cette confusion nudité/sexualité, et tous les tabous/complexes qui gravitent autour d'elle. Et pour me montrer que chaque corps, y compris le mien, avait sa propre beauté.

[Auteur: Delirium]

Bonsoir,

Je ne sais pas, en fait, à bien y réfléchir, je l'interpréterais plutôt de façon inverse.
A savoir que la chatte grise incarnerait ma mère et le chaton blanc, la petite fille et que je suis toujours en un sens à ses yeux. La chatte blanche refléterait plutôt celle que je suis actuellement ou celle que je deviens, c'est-à-dire qu'elle représenterait l'émergence de ma personnalité propre,  et la revendication de sa singularité, clamée parfois avec hargne et fougue (d'où le côté sauvage de la chatte). D'ailleurs, le chaton, dès le début de mon rêve, semble enveloppé par la mort: la première fois qu'il m'apparaît, il repose immobile, dans le creux de ma main, les yeux clos. En ce sens on pourrait déjà l'associer  à la mort, c'est-à-dire le rattacher au passé de la petite fille que je ne suis plus. Et que je culpabilise d'avoir souillée, voire tuée, par rapport à la chatte grise ( ma mère). Parce que dans le rêve, la première pensée que j'ai eue, lorsque j'ai vu le petit corps mutilé gisant dans une mare de sang, était destinée à la maman, et non au chaton: s'était-elle aperçue de la mort de son petit, en était-elle accablée de chagrin? Autrement dit, je veux tuer le chaton que je ne suis plus pour embrasser mon caractère d'adulte avec ses principes et ses convictions propres, qui diverge de ceux de ma mère: en d'autres termes, plus jeune, j'étais peut-être comme une réplique miniature de ma mère, ou plutôt, elle représentait un idéal dont je ne parvenais pas à me détacher, ou bien je n'arrivais pas à me dégager de son influence pour penser et agir par moi-même. A l'heure actuelle, je voudrais probablement revendiquer et assumer ma différence, mon caractère propre, en agissant, non plus comme la fille de ma mère, mais comme un individu à part entière; seulement, je crains - de façon tout-à-fait irraisonnée, je le concède - de perdre l'amour que me porte ma mère, ou plutôt qu'elle cesse de m'aimer en ne reconnaissant plus celle que j'étais et à laquelle elle m'associe encore parfois. C'est d'ailleurs pour ça probablement, que je demande encore à ma mère à la fin du rêve, si l'on peut garder la chatte grise en plus de la blanche. Comme si j'attendais encore son approbation, pour réussir à faire cohabiter les deux chattes; la mère, et la meurtrière (celle qui lui a ravi son enfant, sa petite; moi donc).

Ma mère ne peut pas être associée à la chatte blanche, parce qu'elle est tout le contraire de celle-ci: très affectueuse, aimante, tactile, une vraie mère poule en somme.   

[Auteur: Delirium]

Mais peut-être que le message de ce rêve est justement: " en dépit ce que tu crois, ta mère voit ton changement et l'accepte très bien, ou est prête à l'accepter."

Après effectivement, il y a une incohérence: si la chatte blanche incarne celle que je suis actuellement, et la grise ma mère, alors j'aurais dû demander à ma mère d'adopter la blanche, et non la grise.

Du coup, vous avez raison, c'était peut-être une fausse piste.